Vous gérez mal votre argent, et d'autres raisons d'éviter l'inévitable

Peeking through your hands
Illustration de Kendra Yee

La Financière des avocates et avocats offre gratuitement des services de planification financière à tous les membres de la communauté juridique du Canada, y compris les étudiants et les candidats stagiaires. Ceux-ci peuvent donc recevoir des conseils gratuits provenant de professionnels chevronnés et portant sur les produits d’assurance et de placement, ou encore sur l’établissement d’un budget ou le remboursement des prêts étudiants. Vous ai-je dit que c’était gratuit? Pour certains, gratuit est toutefois encore trop cher. En effet, si vous êtes comme moi, parler ouvertement de vos finances personnelles vous inspire une crainte encore plus grande que d’aller chez le dentiste. Voici comment s’est déroulée ma séance de planification financière avec Michel Dugal, un conseiller de la Financière des avocates et avocats. J’ai une nouvelle pour vous : j’ai survécu à l’épreuve. 

Vous gérez « mal » votre argent? Moi aussi!

En fait, l’idée qu’un inconnu scrute mon compte bancaire équivalait pour moi au type de mauvais rêve où l’on se présente complètement nu à l’école. Bien qu’issue de la classe moyenne et n’ayant jamais connu l’insécurité alimentaire ou de logement, j’ai toujours eu un faible revenu en tant qu’écrivaine. Dans un souci de transparence, si ce n’était de la prestation canadienne de la relance économique (PCRE) à laquelle j’ai eu droit l’an dernier, je me serais située bien en deçà du seuil de la pauvreté. J’ai toujours eu l’impression que devenir propriétaire, cotiser à un REER ou investir à la bourse, ce n’était pas fait pour moi. 

Avant même que nous nous rencontrions, Michel nous a envoyé, à mon mari et à moi, une feuille de calcul de flux de trésorerie pour faire le suivi de nos revenus et de nos dépenses. J’étais horrifiée. En fait, j’avais si peur de découvrir ces montants (1 500 $ en repas à emporter, vraiment?) que j’ai bien failli passer à côté de l’objectif de la feuille de calcul, qui était de nous montrer dans quelles catégories nous pourrions raisonnablement réduire nos dépenses discrétionnaires. J’ai réalisé que la planification financière, que l’on associe souvent à des placements, des actions ou des achats importants comme de l’immobilier, n’est pas nécessairement toujours aussi grandiose. Le simple fait de créer un budget équilibré qui convient à son style de vie est déjà un énorme pas vers une meilleure santé financière. 

L’idée qu’un inconnu scrute mon compte bancaire équivalait pour moi au type de mauvais rêve où l’on se présente complètement nu à l’école.

J’ai aussi toujours cru à tort que je gérais mal mon argent, simplement parce que je ne gagne pas beaucoup. La feuille de calcul de flux de trésorerie m’a permis de constater avec fierté ma capacité à dépenser remarquablement peu, c’est-à-dire moins que ce que je gagne. Si vos entrées de fonds sont plus importantes que les sorties, pouvez-vous réellement dire que vous gérez mal votre argent? 

La question taboue à 20 000 $

Alors que j’ai eu la chance d’être soutenue financièrement par mes parents pendant mes études universitaires, mon mari, lui, a contracté un prêt étudiant d’environ 20 000 $ américains pour financer ses études de premier cycle. Comme nous n’en parlons jamais vraiment, cette partie de la rencontre ressemblait soudain à une thérapie de couple. Des questions importantes se posent. Par exemple, devons-nous donner la priorité au remboursement de son prêt plutôt qu’à notre compte d’épargne ou à des placements éventuels? Mon mari a obtenu le prêt avant que nous nous rencontrions; il n’était pas non plus en âge de voter ou de consommer de l’alcool, soit dit en passant. Quel rôle suis-je prête à jouer dans le remboursement de ces fonds? 

Michel a cependant saisi toute la complexité (et l’omniprésence) du problème. Les dettes étudiantes touchent un très grand nombre de jeunes, et il n’existe aucune manière universelle d’aborder la question. C’est pourquoi il s’est avéré si utile qu’une partie neutre examine notre situation. Michel nous a expliqué que puisque notre budget nous permet de dépenser encore quelques centaines de dollars chaque mois, le plus logique était d’investir cet argent dans des placements à des taux d’intérêt plus élevés que ceux des prêts, d’autant plus que la dette de mon mari est gelée jusqu’au 31 décembre 2022. Ainsi, les gains que nous tirerons de nos investissements pourront servir à rembourser le prêt plus tard. 

Lorsque le sujet des placements a été abordé, Michel a fait preuve de respect face au revenu relativement bas de notre ménage. Certains planificateurs financiers auraient pu traiter avec condescendance des clients qui n’ont que 100 $ à investir chaque mois dans un fonds de placement, mais Michel a conservé son enthousiasme en arguant que même des petits versements peuvent faire une énorme différence à long terme grâce à l’intérêt composé. « C’est le moment idéal pour investir, nous a-t-il expliqué pendant la rencontre. S’il y a déjà eu un meilleur moment, c’était hier. » 

Toutes ces questions d’argent m’ennuient (je ne lis pas vraiment l’article, seulement les sous-titres)

La finance est un sujet qui peut porter à confusion et où il est à peu près impossible de retenir tous les acronymes. Bien entendu, chaque secteur possède son propre vocabulaire et ses connaissances spécialisées qui ressemblent de plus en plus à une langue étrangère à mesure qu’on s’y enfonce. Ce qui distingue le secteur financier, c’est qu’on ne peut pas y échapper. Les finances touchent à tout ce que nous faisons. Ainsi, même si vous n’avez pas envie de vous y intéresser, les finances ne risquent pas de se désintéresser de vous de sitôt. C’est presque romantique, n’est-ce pas? 

Dans notre monde sans dessus dessous (pour rester polie), la plus grande part des ressources revient souvent à ceux qui en ont le moins besoin. Songez aux célébrités qui, chaque saison de galas, repartent avec des sacs-cadeaux remplis de shampoings à 500 $, alors que pendant vos études, vous réussissiez tout juste à vous en procurer au magasin à 5 $. C’est la même chose en finances. Les gens fortunés peuvent payer des professionnels pour gérer leurs actifs, tandis que ceux à plus faible revenu n’ont pas accès aux mêmes possibilités pour faire croître leur argent. C’est pourquoi il est primordial de tirer parti des services et de l’éducation qui vous sont offerts gratuitement. 

L’argent est un concept étrange, je le sais bien. Il nous est tous déjà arrivé au moins une fois de nous sentir mal dans notre peau pour une raison d’argent. Il est donc tout à fait naturel de réagir à ce sentiment désagréable en nous renfermant sur nous-mêmes. Nous nous disons que comme l’argent est nocif de toute manière, ce n’est pas grave si nous ne le prenons pas au sérieux. Même le budget le plus solide ne remplacera pas mon salaire par celui de Jeff Bezos, alors pourquoi faire l’effort? La réponse est : parce que ce n’est pas si tranché. Même si la planification financière vous donne l’impression de céder à l’obsession malsaine de notre société envers l’argent, elle peut pourtant avoir l’effet contraire si vous vous y prenez de la bonne manière. Entre ne pas dormir de la nuit en raison de ses dettes et s’acheter un yacht de luxe, les possibilités sont nombreuses. Quelque part entre ces deux pôles, vous réussissez à vous faire moins de soucis tout en profitant de la vie. 

Réservez une séance de planification financière gratuite dès maintenant. 

L’AABC / Financière des avocates et avocats est un organisme sans but lucratif qui offre une planification financière gratuite à tous les membres de la communauté juridique du Canada. Demandez-nous comment nous pouvons vous aider à gérer vos dettes, à investir de manière réfléchie et à établir un budget qui vous laisse suffisamment de moyens pour vivre.

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Écrit par Frankie Barnet.